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Ce dossier vise à explorer l'hypothèse selon laquelle la violence médicale est un type de violence spécifique, qu'il faut singulariser dans l'analyse. Elle se joue dans l'interaction et s'articule à d'autres rapports de domination (genre, classe, race, santé mentale, âge...), sans toutefois s'y réduire. Le point de départ du dossier se distingue ainsi de la démarche adoptée dans certaines études des violences gynécologiques et obstétricales, considérées comme étant « d'abord des violences de genre » (Schantz, Rozée et Molinier, 2021). Cette perspective nous conduit à adopter une démarche comparative, à la fois synchronique (pluralité des rapports de domination considérés ; pluralité des secteurs de la santé en plus des seuls domaines de la gynécologie et de la psychiatrie) et diachronique. Elle ouvre plusieurs pistes d'analyse, dont certaines seront explorées par les articles du dossier, et invite à considérer la différenciation « au carré » (Paillet, 2021) des violences selon les professionnel·les et les usager·es ; à considérer les normes professionnelles, les contextes institutionnels et systèmes de justification des pratiques médicales ; à poser la question de la délégation de la violence et des relations de pouvoir et de travail entre les différent·es professionnel·les des institutions de santé ; à rompre avec le discours des organisations médicales - qui présentent les violences comme des comportements actifs d'individus déviants - en considérant les dimensions collectives et non objectivées des pratiques ; à s'intéresser à la socialisation médicale et à la transmission des pratiques ; à considérer l'interaction entre l'histoire des pratiques et l'évolution de la légitimité de la violence (Elias, 1975), en particulier en contexte médical envers les groupes sociaux dominés - femmes, enfants, (ancien·nes) colonisé·es, « malades mentaux », etc.

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