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Le 13 décembre 1998, Norbert Zongo, journaliste et directeur de l'hebdomadaire L'Indépendant, est retrouvé mort, ainsi que trois autres personnes, à bord d'un véhicule calciné sur la route de Sapouy, un petit village du Burkina Faso. La disparition brutale de ce journaliste intrépide et très critique envers les abus des dirigeants soulève une vague d'indignation et devient l'objet d'une médiatisation sans précédent au Burkina Faso, la « terre des hommes intègres ». C'est le début de ce que la presse va nommer, dès les premiers jours de janvier 1999, « l'affaire Norbert Zongo ». Une lutte sans concession s'engage ainsi contre le régime de Blaise Compaoré, organisée et menée par le CODMPP (Collectif des organisations démocratiques de masse et de partis politiques), pour exiger la vérité et la justice sur cette affaire. Comment expliquer l'ampleur de l'émotion et de la protestation collectives suite à la mort suspecte d'un « simple » journaliste au Burkina Faso, un État où la succession des régimes d'exception, par la violence militaire, semblait avoir banalisé l'élimination physique de l'opposant politique ? Comment Norbert Zongo est-il devenu ce personnage exceptionnel, rendant possible ce que Jean-Bernard Ouédraogo décrivait si justement comme exemple d'occasions « qui font se joindre intimement un argumentaire et une rébellion, une contestation massive de l'ordre établi » ? Bref, comment Zongo devient-il le vecteur et le catalyseur d'une dynamique de révolte qui travaillait toute la société burkinabè ? Contre toutes les formes d'extrémisme qui déchirent douloureusement le pays aujourd'hui, il est revigorant de se replonger dans cette autre histoire du Burkina Faso qu'illustrent la vie et le combat de Norbert Zongo.

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