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Génie du braquage, homme aux mille visages et poil à gratter de la République, Jacques Mesrine (1936-1979) est plus que tout autre « l'homme paradoxe ». Ainsi sa mort surmédiatisée a-t-elle masqué une vie non moins extraordinaire. Ainsi oublie-t-on de même qu'avant d'être l'ennemi public n° 1 en France, il le fut au Canada, pour enlèvement, braquages, attaque de prison et très possiblement trois meurtres... Mesrine, l'homme paradoxe, s'il peut se montrer romantique et poète à ses heures, est aussi instinctif et redoutable dans l'action. Homme de territoire mais globe trotteur, il est aussi généreux mais rancunier. Acceptant d'être vu comme un voyou mais pas comme une crapule, il se veut rebelle mais demeure petit-bourgeois dans l'âme. Enfin, s'affichant en Robin des Bois victime du système, il a très habilement et très égoïstement bâti son mythe contre celui-ci. Car l'ego de Jacques Mesrine dit le Grand n'est pas petit. « Je suis Jacques Mesrine ! » lance-t-il volontiers, tandis que d'une plume intelligente, par des actions d'éclat et des revendications tonitruantes, il veille à grandir son personnage. Avec L'Instinct de mort, il construit son image, tout comme avec Coupable d'être innocent il veut la défendre. D'ailleurs, il brouille davantage les pistes pour protéger son personnage que pour protéger sa personne. Ainsi, justement, derrière le personnage et les mensonges, Jean-Marc Simon tente méthodiquement de débrouiller les pistes pour révéler un juste portrait de l'homme à travers la vérité des faits. A partir du propre récit de Mesrine et de ceux de ses compagnes - Janou, Joyce, Sylvia - il recoupe les témoignages des moindres acteurs de cette épopée criminelle : complices, avocates, policiers, victimes. Il s'appuie de même sur les enquêtes très fouillées de certains journalistes et recherche le sens de cette fuite en avant hors normes en veillant à la situer constamment dans son époque : affaires, gauchisme, années de plomb, guerre des polices.

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