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Jean-Louis Curtis (1917-1995) aura eu un parcours d'écrivain exemplaire. Enfant d'Orthez, lauréat du prix Goncourt en 1947 pour Les Forêts de la nuit - un des meilleurs romans sur la vie sous l'Occupation - il entrera à l'Académie française en 1986 et sera gratifié de la reconnaissance de gens de lettres éminents, comme François Mauriac, l'éditeur René Julliard, Maurice Druon, Patrick Besson ou Michel Houellebecq. Curtis aura brossé dans son oeuvre un large panorama de thèmes tels que la vie en province, les apprentissages et les révoltes de la jeunesse, la coexistence des générations, les passions politiques, les envies et les frustrations de la société de consommation, l'amour, l'art de voyager, l'écologie, les incertitudes de la géopolitique, la transmission des lettres et de cette civilisation de l'écrit menacée par le monde des images et des écrans. Excellant dans une multiplicité de genres - romans, essais, pastiches, adaptations, etc. -, homme de culture, agrégé d'anglais se définissant comme un gascon anglicisé, Curtis aura également été ce combattant de la liberté, par les armes contre l'Allemagne nazie et par la plume contre les conformismes et le prêt-àpenser de son temps. L'immortalité que l'Académie française lui a conférée n'assure pas la pérennité de lecture de son oeuvre ; celle-ci ne tient peut-être aujourd'hui qu'à un fil, vital, celui de l'ouvrage de Thierry Roux, qui s'attache à montrer la « modernité d'une oeuvre en liberté ». Jean-Louis Curtis, homme du XXe siècle, n'est pas has been pour nous au XXIe siècle. Écrivain des moeurs, des âmes et des coeurs, Curtis aura forgé une oeuvre qui peut encore résonner avec notre actualité si indéchiffrable, car elle a finalement eu partie liée avec l'essentiel : les aspirations et les tourments qui font les époques, celle de Curtis et la nôtre.

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