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« Incrédule, Siga Faye entrevoyait Paris au côté du caporal Bernard Trocon, longeant les Champs-Élysées, flirtant aux abords de l'Arc de triomphe, rêvant au clair de lune, assis le long des tulipes, à mi-chemin du boulevard Saint-Germain-des-Prés, admirant les dômes, s'extasiant devant le Panthéon et demeurant là, éblouis et enivrés par des senteurs suaves des chrysanthèmes bordant les Tuileries. Elle se projetait là, rue du Faubourg Saint-Honoré, cuisinant dans une demeure aux voûtes harmonieuses, aux carreaux d'un jaune pâle, au milieu d'un carré de placards vernis où trônaient des mirabelles, des olives, des marguerites, des clémentines, des violettes, des épinards verts, des homards, des concombres, des saumons, lesquels exhalaient à foison des arômes exquis. Au diable, les regards inquisiteurs, les restrictions suffocantes, les pulsions bridées, les usages sociaux surannés qui conspiraient à l'apathie, à l'asphyxie intellectuelle. » Rêves et échecs, espérances et désillusions, pauvreté et attentes... ce sont tous ces traits de la société sénégalaise que croque Eudes Boussougou dans ce texte-kaléidoscope, où s'entrecroisent les parcours de personnages faibles ou puissants. Chroniques à hauteur d'existences humaines, qui sillonnent les régions, villes et rues sénégalaises, Destins croisés crée, à partir d'éclats de vies ordinaires, une fresque étonnante.

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