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« Elle faisait classe aux gamins qui ne fréquentaient pas l'école privée du village. Il n'y avait pas non plus d'école publique pour contribuer à l'éducation populaire du pays que Franco avait décimé. Cette religieuse m'a accueilli et soutenu alors que j'étais le petit-fils de la Chispa, une révolutionnaire socialiste et du Vikingo, communiste exécuté en 1936 par les troupes du caudillo, qui l'ont fracassé avec ses camarades sur les falaises de San Roqué entre Candas et Avilés. Mes parents et moi, au retour de Budapest, en 1964, vivions chez ma grand-mère maternelle et sa fille Amparo. Soeur Luisa craquait pour ce petit réfugié magyar, revenu du stalinisme, elle faisait oeuvre de charité et facilitait mon intégration au village. Tous les enfants l'adoraient : se livrait-elle à une forme de prosélytisme en m'instruisant avec tant de ferveur et de tendresse ? » Ses parents ont fui l'Espagne franquiste, il naîtra en 1957 en Hongrie communiste puis passera trois ans à Candas avant d'arriver en banlieue parisienne. Il a alors sept ans, et les voyages, ça le connaît déjà, c'est de famille... Saga morcelée, le roman autobiographique de Jérôme Saez surprend par la richesse de ses portraits, de ses contextes sociopolitiques, de ses anecdotes. Porté par une plume enlevée, voici un puzzle familial et culturel où réfugiés d'ici et d'ailleurs donnent à percevoir une époque en plein bouleversement.

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