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Avec Thérèse Valignat, Charles Mérouvel livre un roman où la chronique provinciale se mue en drame intime et social, exposant sans détour les rouages d'une société normande traversée par les conflits de l'héritage, du secret de famille et de la condition féminine au XIXe siècle. Au coeur de l'intrigue, Thérèse, jeune femme au passé obscur, cristallise toutes les tensions : fille adoptive, héritière contestée, puis épouse enfermée dans la froideur d'un mari que ne hantent que le calcul et la rente, elle porte en elle la double blessure de l'illégitimité et de la filiation tue. Le récit déploie avec minutie les stratégies des différents protagonistes - avoués calculateurs, famille déchue, magistrats et notables soucieux de leur rang - pour défendre ou conquérir une fortune disputée, au prix du dévoilement progressif d'un secret maternel dont la révélation bouleverse le fragile équilibre d'un monde clos. Mérouvel, maître de la fiction morale, met en scène le lent effritement des convenances bourgeoises face à la violence du réel : l'argent, le droit, la réputation pèsent de tout leur poids sur les existences, tandis que les élans du coeur, les scrupules et les renoncements dessinent en filigrane une société corsetée par ses propres contradictions. L'auteur, témoin aigu de son temps, saisit avec une précision quasi balzacienne la langue, les gestes, les paysages et les habitus d'une France en mutation, sans jamais céder à l'idéalisation. En refermant ce roman, le lecteur découvre, à travers le destin tragique de Thérèse, l'envers du roman familial : l'irréductible solitude des vaincus du code civil, la cruauté des héritages, et la quête impossible d'un amour affranchi du passé. Thérèse Valignat s'impose ainsi comme l'un des textes les plus lucides et implacables sur la condition des femmes et la tyrannie du silence au coeur du XIXe siècle provincial, par un auteur désormais redécouvert pour la justesse et la modernité de son regard.

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